Villefontaine : un instituteur pédocriminel

Constitution de Partie Civile • juil. 13, 2017

Romain FARINA, instituteur d’une école primaire à Villefontaine, a abusé de plus de soixante de ses élèves dans le cadre d’activités sordides.


Le 25 mars 2015, Romain FARINA, 45 ans, est écroué pour des faits de pédophilie sur ses élèves. Cet instituteur a procédé, à l’aide d’un stratagème infâme, au viol et à l’agression sexuelle de plusieurs de ses élèves. C’est par le biais « d’ateliers du goût » que le professeur, imposant des fellations à ses élèves, a commis ses odieux actes. Plus de soixante victimes auraient été répertoriées dans l’ensemble des établissements dans lesquels il a enseigné. Pourtant, le professeur n’en est pas à son coup d’essai en matière pédophile. En 2008, il a été condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis pour téléchargement et détention d’images à caractère pédopornographique. Le Tribunal n’a néanmoins pas jugé utile de prononcer une interdiction d’entrer en contact avec des mineurs. Si les ministres de l’éducation et de la Justice de l’époque ont reconnu les dysfonctionnements des services publics ayant contribué au scandale de Villefontaine, ce n’est que trop tard que l’alarme est donnée. Onze plaintes pour viols ont été déposées contre Romain FARINA et cinquante-cinq signalements de parents ont été formulés. Malgré la mise en examen de l’accusé et sa reconnaissance des faits reprochés, jamais le procès n’aura lieu : Romain FARINA, 46 ans, se suicide dans sa cellule dans la nuit du 4 avril 2016 à la maison d’arrêt de Corbas : la Justice ne sera jamais rendue et à ce jour, l’accusé demeure toujours présumé innocent malgré ses aveux. 

 

Les faits

Romain FARINA, instituteur d’une quarantaine d’année dans une classe de CP à l’école primaire de Villefontaine (dont il est également le directeur), met en place, durant ses cours, des « ateliers du goût ». Consistant à bander les yeux de ses élèves et à leur imposer, par surprise, une fellation, ces activités sordides sont prisées de l’enseignant qui, malgré une condamnation pour détention d’images à caractère pédopornographique, n’a jamais été dans l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.

 

Des antécédents pédocriminels bien connus de la justice

Romain FARINA est bien loin d’être un inconnu de la Justice. En effet, c’est dès 2001 que les penchants pédophiles de l’instituteur sont décelés. À l’époque instituteur à Vénissieux (Rhône), une plainte est déposée pour agression sexuelle sur une fillette, mais l’affaire est classée sans suite.

Puis en 2008, tandis que l’instituteur est muté en Isère, il se voit condamné en juin à six mois d’emprisonnement avec sursis par le Tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu pour téléchargement et détention d’images à caractère pédopornographique. Si la peine est accompagnée d’une injonction de soins pendant deux ans, aucune interdiction d’entrer en contact avec des mineurs n’est prononcée. Ainsi, autorisé à poursuivre sa profession d’instituteur, c’est dans une classe de CP dans à l’école primaire de Villefontaine, en Isère que vont se révéler ses passages à l’acte.

 

Une enquête révélant l’ampleur des faits

En 2015, onze plaintes pour viols et cinquante-cinq signalements de parents sont enregistrés par les services de police. Une enquête est alors ouverte et les enfants, interrogés, parlent de « caméras » et « d’appareils photos ». Une saisie de l’ordinateur portable de Romain FARINA a alors lieu. Dans ce dernier, les enquêteurs ne découvrent pas moins de 512 000 photos et 11 000 vidéos (selon RTL) à caractère pédopornographique, mettant en scène des petites filles, parfois même des bébés. Plus de soixante victimes sont identifiées, dans l’ensemble des établissements dans lesquels Romain FARINA a enseigné. Les interrogatoires révèlent un procédé macabre : l’instituteur organisait des « atelier du goût » durant lesquels les élèves étaient contraint de procéder à des fellations, les yeux bandés, le tout filmé par l’instituteur. Sa femme a toujours dit n’avoir été au courant de rien.

Le 24 mars 2015, l’accusé reconnaît en partie les faits qui lui sont reprochés. Il est écroué le 25 mars 2015 à la maison d’arrêt de Corbas. Mais tandis que le procès n’a pas toujours eu lieu, Romain FARINA se donnera la mort dans la nuit du lundi 4 avril 2016. La lâcheté a eu raison de lui, et, refusant d’affronter la cruauté de ses actes, Romain FARINA a préféré la mort à la responsabilité. Justice ne sera jamais rendue pour tous ces enfants victimes de ses agissements puisque l’accusé demeure présumé innocent.

 

Un défaut de communication entre la justice et l’éducation

La première condamnation de Romain FARINA, en 2008, a fait œuvre d’une négligence coupable en refusant de prononcer une interdiction de contact avec des enfants. Plus encore, l’Académie dit n’avoir jamais été au courant de la condamnation de l’instituteur en 2008. Or, une dépêche de la Chancellerie de 2001, rappelé le 11 mars 2015 par la ministre de la Justice de l’époque, Christiane TAUBIRA, oblige le Procureur à avertir la hiérarchie du fonctionnaire faisant l’objet d’une condamnation. Consciente de ces dérèglements graves, a ministre de l’éducation, à l’époque Najat VALLAUD-BELKACEM, a engagé des propositions pour améliorer la coopération entre le Ministère de la Justice et de l’Éducation. Elle a également procédé à la révocation de l’Éducation Nationale de Romain FARINA en mars 2015. Christiane TAUBIRA, ministre de la Justice à l’époque des faits, a également reconnu les dysfonctionnements ayant abouti à l’affaire de Villefontaine.

Bien loin d’être le premier scandale de pédophilie au sein de l’Éducation Nationale, l’affaire de Villefontaine nous rappelle combien il est important de renforcer la prévention et le contrôle des membres du corps éducatif, afin d’éviter d’autres affaires de pédophilie, si meurtrières et destructrices.

 

L’implication d’Innocence en Danger

Innocence en Danger s’est constituée partie civile dans le cadre de l’instruction : L’association vient en soutien à l’intérêt des victimes et contribue activement à la recherche de la vérité. En effet, en tant que partie civile, elle peut, durant l’instruction, réaliser des demandes d’actes devant le juge d’instruction. Il peut s’agir de contre-expertises, compléments d’expertises, audition de témoins, etc… que le juge d’instruction est libre d’accorder ou non.

 

Informations complémentaires

Où en est l’affaire ?Malgré le suicide de l’accusé, l’instruction n’a toujours pas été clôturée. Néanmoins, aucun procès n’aura lieu.

Avocate d’Innocence en Danger : Maître Marie GRIMAUD (retrouvez son interview concernant l’affaire ici). Elle critique également la loi présentée à l’Assemblée nationale concernant la pédophilie dans le milieu scolaire (retrouvez ce commentaire ici).


Les médias en parlent :


La réaction d’Innocence en Danger :

 http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/innocence-en-danger-dresse-un-bilan-mitige-31-03-2016-5674159.php

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