L’accès des mineurs à la pornographie comme forme d’agression sexuelle – Appel à contributions ONU

IED • 13 novembre 2025

Ce rapport a été soumis à l'ONU en octobre 2025 par trois psychologues cliniciennes françaises du CEFRAAP (Centre Francophone de Ressources et d'Accompagnement de l'Addiction à la Pornographie) en réponse à un appel à contributions sur la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle.


Le document défend une thèse forte : l'accès des mineurs aux contenus pornographiques constitue une forme d'agression sexuelle. Les auteures démontrent, à partir de leur expérience clinique et de la littérature scientifique, que l'exposition précoce à la pornographie (en moyenne à 9 ans) provoque une effraction psychique comparable à un traumatisme sexuel, avec des symptômes similaires au stress post-traumatique : souvenirs intrusifs, cauchemars, troubles anxieux, perturbation du développement psychosexuel et risque de reproduction de violences.


L'objectif du rapport est double : faire reconnaître officiellement cette problématique comme une question de santé publique et de droits de l'enfant par les instances internationales, et obtenir la mise en place de mesures concrètes (cadre juridique de protection, blocage de l'accès, formation des professionnels, campagnes de prévention) au niveau européen et mondial.


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Le rapport du CEFRAAP décrit le contact précoce des mineurs avec la pornographie comme une forme d’agression sexuelle psychique, soulignant ses effets traumatiques, neurobiologiques et relationnels comparables à ceux d’autres formes de violences sexuelles. 


1. Nature du contenu pornographique « mainstream » 


La majorité du contenu consommé par les mineurs est phallocentré, violent et dénué d’affectivité


Études : 


  • 45 à 88% des scènes montrent des actes de violence physique (fessées, gifles, étranglement). 
  • 97% des victimes de ces agressions filmées sont des femmes, souvent montrées comme consentantes. 
  • Près de 50% des vidéos contiennent des insultes sexistes


Ces contenus valorisent la domination masculine, le manque d’empathie et favorisent une « culture du viol » (Dines, 2020). 


Les sous-genres tels que hentaï ou « dark romance » exposent des violences sexuelles sur mineurs ou des rapports de pouvoir extrêmes. 


2. Une exposition de plus en plus jeune et souvent involontaire 


  • Âge moyen du premier contact : 9 ans. 
  • 40 à 70% des adolescents y sont exposés par accident (pop-up, réseaux sociaux, appareils familiaux). 


Études : 

  • Espagne : 90% des 11 ans ont déjà vu du contenu pornographique. 
  • France : 51% des garçons de 12 ans en visionnent au moins une fois par mois (ARCOM, 2023). 


Conséquences documentées : 

  • Développement de croyances sexualisées précoces, acceptation des rapports violents, troubles anxieux, dégoût ou honte. 
  • Installation d’une compulsivité sexuelle à l’adolescence. 


3. Le contact précoce comme agression sexuelle 


  • Ce contact provoque une effraction psychique équivalente à un abus sexuel : sidération, honte, peur, excitation paradoxale. 


  • Symptômes identiques à un trouble de stress post-traumatique (DSM-5) : souvenirs envahissants, cauchemars, réactions dissociatives, évitement, dégoût de soi, troubles du sommeil, anxiété ou dépression, comportements autodestructeurs ou compulsifs. 

Exemple : un enfant de 8 ans peut revivre les scènes vues sous forme de cauchemars, ou un élève reproduire des gestes pornographiques à l’école. 


  • Les enfants n’ayant pas encore développé la distinction réel/imaginé ne peuvent intégrer ni symboliser ces images, d’où un traumatisme durable et silencieux


4. Compulsivité et assimilation de la violence 


Chez les jeunes exposés précocement : 


  • Risque élevé de compulsivité sexuelle et d’imitation des comportements violents. 
  • 45% des jeunes s’inspirent de la pornographie dans leur sexualité (IFOP, 2017). 
  • 80% de ceux qui en consomment régulièrement adoptent des comportements sexuels agressifs. 


Effets neurobiologiques : 

 

  • La pornographie altère les circuits du plaisir, de la décision et de l’empathie (Kühn & Gallinat, 2014). 
  • L’association répétée de violence et d’excitation entraîne une érotisation du danger : le cerveau apprend à ressentir du plaisir face à la violence. 


Conséquences sociales : 


  • Hausse des pratiques violentes et des viols collectifs entre adolescents (phénomène des « manadas » en Espagne). 
  • Confusion entre désir et danger, perte d’empathie et banalisation de la domination. 


Conclusion 


Le contact précoce avec la pornographie correspond à une agression sexuelle médiée par la technologie, provoquant : 

  • effraction psychique, perturbation neurobiologique et désorganisation affective ; 
  • mémoire traumatique durable et altération de la régulation émotionnelle ; 
  • troubles anxieux, honte, addictions et comportements sexuels déviants. 


Reconnaître cette réalité permettrait une prise en charge clinique adaptée et une reconnaissance institutionnelle du traumatisme psychique infligé aux enfants. 


Télécharger le rapport complet.


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