Affaire Lilian

Constitution Partie Civile • juil. 01, 2021

Procès en appel dans l’affaire Lilian

Depuis mercredi 30 juin, se tient le procès en appel du beau-père et de la mère du petit Lilian, cet enfant de quatre ans retrouvé inanimé dans le domicile familial à Lempdes en février 2017. Couvert d’ecchymoses, avec cheveux arrachés et dents cassées, l’enfant avait succombé à un traumatisme crânien.

 

Reconnaissant de multiples violences, le beau-père avait toutefois maintenu la thèse d’une chute accidentelle pour expliquer la mort de l’enfant. 

Divers signalements avaient été faits, notamment par le papa du petit garçon, pour alerter du danger de la situation. L’enfant avait malgré tout été confié à sa mère et son beau-père, quatre mois avant sa mort.

 

La Cour d’Assises de Riom avait condamné le beau-père à 30 ans de réclusion criminelle pour meurtre sur mineur de 15 ans et sa mère à 4 ans de prison dont 2 ans ferme pour non-assistance en danger. 

 

L’association Innocence en Danger sera présente tout au long de ce nouveau procès.


Autres articles : Figaro du mercredi 30 juin 2021


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Historique de l'affaire Lilian

publié le 15/10/2020


Le 21 février 2017, à Lempdes, dans le Puy-de-Dôme, le corps sans vie du petit Lilian, âgé de quatre ans, repose sur son lit. L’enfant est couvert de lésions et d’ecchymoses. La mère de Lilian raconte aux enquêteurs qu’alors qu’elle s’était absentée pour honorer un rendez-vous médical, elle avait reçu un coup de fil de son compagnon lui indiquant que Lilian était tombé dans l’escalier et avait fait un malaise. De retour à son domicile, elle alerte les secours. Lilian est transporté au service de réanimation du CHU de Clermont-Ferrand, dans lequel il décède quelques heures plus tard.

Les résultats de l’autopsie attribue la mort de Lilian à une fracture du crâne résultant d’une « projection violente de l’enfant contre un objet dur ». Ils soulignent aussi l’inquiétante maigreur du petit garçon (13 kilos), la multitude d’hématomes et d’ecchymoses d’âges différents parsemant son corps et des cheveux arrachés. Cela signe les maltraitances prolongées dont l’enfant a été victime.

Dès le jour du drame, le beau-père de Lilian est placé en garde à vue. Il était le seul adulte présent sur les lieux du drame. Tout au long de la procédure, il maintient sa version des faits, selon laquelle l’enfant serait tombé accidentellement dans l’escalier. L’homme a déjà été condamné pour des violences commises sur une ex-compagne.

De plus, du vivant de Lilian, son père s’inquiète très vite pour la santé et la sécurité de son enfant, lorsqu’il remarque de multiples bleus sur son corps. Il va même jusqu’à déposer plainte pour violences à la gendarmerie et à faire constater les hématomes sur le corps du petit garçon, ce qui lui permet d’obtenir un certificat médical assez éloquent sur la gravité des sévices subis par l’enfant. Le juge aux affaires familiales confie alors la garde de Lilian à son père. L’état de l’enfant n’alerte pas que le père mais aussi l’hôpital ou l’école qui émettent alors des signalements. En tout, s’agissant du garçonnet, il y a eu quatre informations préoccupantes.

Pourtant, quatre mois avant sa mort, malgré la gravité des faits, la plainte du père est classée sans suite. Pire, une nouvelle enquête sociale se hasarde à conclure que, faute de preuves, les violences constatées par le médecin pourraient bien être le fait du père, de telle sorte que le juge aux affaires familiales décide tragiquement que l’enfant doit retourner au domicile maternel. Les droits du père sont réduits à de simples visites médiatisées au sein d’un centre qui ne dureront pas longtemps. En effet, dès que le père de Lilian et les intervenants du centre remarquent de nouvelles ecchymoses sur le visage du garçonnet lors d’une visite, la mère ne présente plus l’enfant à douze reprises consécutives.

Dans cette affaire, on déplore la passivité des services sociaux et de protection de l’enfance qui ont failli à protéger le garçonnet en danger, notamment en raison du manque de formation des intervenants et du manque de communication entre les services.

D’abord, les différents intervenants du centre, dans lequel avaient lieu les visites médiatisées, en dépit des bleus marquant le visage du petit garçon, n’émettent ni signalement, ni information préoccupante et, pour certains, ignorent la différence entre ces deux mesures. De même, une puéricultrice de la Protection maternelle et Infantile inquiète pour Lilian, après qu’elle a été témoin d’une scène violente chez la famille de l’enfant, est sommée par sa hiérarchie d’attendre avant de faire une information préoccupante.

Enfin, une assistance sociale a été manipulée par la mère qui mentait pour cacher les violences commises dans l’intimité du domicile familial. Elle finit quand même par déposer une information préoccupante le jour du drame. 

Cela laisse interrogateur quant à une éventuelle défaillance des services de protection de l’enfance.

Lors du procès devant les assises du Puy-de-Dôme, qui s’est ouvert ce lundi 12 octobre, le beau-père de Lilian reconnait à la barre les violences régulières qu’il infligeait à Lilian, y compris le matin de sa mort, et à sa compagne, mais persiste à dire que l’enfant est mort d’une chute accidentelle dans l’escalier.

Ce jeudi 15 octobre, dans la nuit, la cour d’assises de Riom a rendu son verdict.

Le beau-père de Lilian a été reconnu coupable de meurtre et de violences habituelles sur mineur de quinze ans, ainsi que de violences sur la mère de Lilian. La Cour a aussi retenu que l’homme était atteint, au moment des faits, d’un trouble psychique ayant entravé le contrôle de ses actes. En tout, il écope de trente ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté légale de quinze ans.

La mère de Lilian est reconnue coupable de non-assistance à personne en danger. Pour cela, elle doit purger une peine de quatre ans d’emprisonnement, dont de deux années de sursis probatoire, avec une mesure d’examen médical et de soins et une obligation d’exercer une activité professionnelle et de suivre une formation.


Il a été fait appel de cette décision.

Le procès s’ouvrira devant la cour d’Assises de Haute-Loire du 30 juin au 2 juillet 2021.


Sources :

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